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2010 : L'Espagne a gagné, pas les Basques Abonnés
Le 4 novembre 2022
Les trois provinces du Pays Basque espagnol aimeraient présenter une sélection nationale dans les compétitions officielles, mais l’UEFA et la FIFA refusent. En attendant, elles soutiennent la Roja. Du bout des lèvres.
2010 : L'Espagne a gagné, pas les Basques


Il est 22 h 58 heure locale, ce 11 ­juillet 2010, quand le ciel si sombre de ­Johannesburg s’éclaire, à la faveur d’une volée d’Iniesta. Le voilà enfin, le premier titre mondial des Espagnols. À 11 000 km de là, tout le pays fait la fête. Tout le pays ? Pas tout à fait. Quelques villages d’irréductibles sont insensibles à la fièvre roja. Au Pays Basque espagnol, ce soir-là, on se couche tôt, en rêvant d’une équipe basque en compétition officielle.

Le sens de la fête

La fine pellicule d’eau sur les dalles donne des allures de décor de cinéma à la rue San Pedro, dans la station balnéaire de Fontarrabie, en français, Fuenterrabia en espagnol, Hondarribia en euskera, la langue basque. Ça ne ressemble pas à l’été. Ça ne ressemble pas non plus à un soir de finale de Coupe du monde. Le petit crachin, le « chirimiri », est pénétrant. Il n’est pas tard mais, ce soir, Fonta n’a pas le cœur à la fête.

Fonta, c’est de l’autre côté. Passé le pont de Saint-Jacques, à Hendaye, c’est l’Espagne, ou la continuité du Pays Basque, c’est selon. Les deux villes, Hendaye et Fontarrabie, se sont fait la guerre pendant des siècles. Les boulets de canons survolaient la frontière naturelle et administrative incarnée par le fleuve Bidassoa. Contrairement à l’idée reçue, la frontière naturelle entre la France et l’Espagne, ce n’est pas les Pyrénées, mais ce cours d’eau, où, aujourd’hui, naviguent sans crainte bateaux de plaisance, kayaks et traînières, ces avirons traditionnels si populaires sur la côte Nord.

« Pourquoi on n’irait pas voir la finale côté espagnol ? me demanda ce jour-là un ami en vacances. Il y aura plus d’ambiance qu’ici, côté français. » « Rien de moins sûr », lui répondis-je. D’ambiance, à Fonta, il n’y...

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