
Depuis des dizaines d’années, le développement du football est considéré du point de vue de sa marchandisation croissante, jamais de son artisanat. Le terme « industrie du football » s’est imposé dans le langage courant. Dans le même temps, le football a accumulé les réglementations, les principes et indicateurs de performance issus du lexique anglo-saxon (lexique souvent mal traduit, d’ailleurs), du monde du management en particulier. Parallèlement au processus d’industrialisation des clubs et de leur économie, s’est levée la contestation, elle aussi grandissante, de ces formes nouvelles de développement du football professionnel. Sa forme la plus médiatisée et la plus virulente ? Le mouvement des supporters contre le projet de Superligue européenne, présentée en avril 2021 par douze clubs parmi les plus riches d’Europe. Y aurait-il d’un côté de gentils artisans, de l’autre de méchants industriels ?
Le passé tourné vers l’avenir
Avant toute chose, il est utile de définir ce qu’on entend par industrie, soit un fonctionnement et des méthodes de production visant à toujours plus d’efficacité : économies d’échelle, optimisation de la production, de la logistique, des ventes et du parcours client, gestion obéissant aux dernières tendances scientifiques. En général, ces méthodes font l’unanimité. Elles sont la garantie d’un développement économique continu. Fonds d’investissement, multipropriété, super-franchises… le sport professionnel se structure comme les grandes marques et les multinationales. Dans le football moderne, on devrait donc parler stratégie, planification, monitoring, prônés en particulier par les dirigeants des grands clubs européens. Quel contraste, pourtant, avec la réalité, où tradition ne rime pas avec imitation !
Face à une poignée de clubs industriels, les artisans du football, la multitude des clubs de taille inférieure, tâchent de se faire une place dans les compétitions internationales. Selon la définition de l’Unesco, la spécificité des produits artisanaux découle de leurs caractéristiques distinctives, qui peuvent...
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