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Argentine
Huracán, plus fort que la tempête ? Abonnés
Le 16 février 2022
En 1973, un pays turbulent qui va bientôt sombrer dans la dictature s’enthousiasme pour une révolution : sur le banc de Huracán, César Luis Menotti, ex-milieu de terrain raffiné, fumeur compulsif et communiste, prouve qu’il est encore possible de gagner autrement qu’avec « los huevos ». Le point de départ d’un débat philosophique, encore vif aujourd’hui, sur l’identité du jeu argentin.
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Malgré le retour du public, il y a quelques semaines, le stade sonne creux. C’est souvent le cas chez le supposé sixième grand club d’Argentine. Ce 4 décembre 2021, l’Atlético Huracán reçoit le Racing à l’occasion de l’avant-dernière journée du championnat. Moins de dix mille spectateurs se sont déplacés au stade Tomás-Adolfo-Ducó. Le Palacio peut en accueillir cinq fois plus. « On a remporté une coupe il y a quelques années, mais ça fera bientôt cinquante ans qu’on n’a pas gagné de championnat. Avec le temps, ça nous a forcément fait perdre beaucoup de socios » : comme Carlos, 75 ans, ceux qui s’assoient encore en tribunes sont surtout du quartier.

Novembre 2015 : les supporters d'Huracán en liesse dans les gradins du stade Tomás-Adolfo-Ducó
Novembre 2015 : les supporters d'Huracán en liesse dans les gradins du stade Tomás-Adolfo-Ducó

Au sud de Buenos Aires, le quartier de Parque Patricios est indissociable de Huracán. Les couleurs rouge et blanc du Globo, une montgolfière, emblème du club, s’affichent à chaque coin de rue ou presque. Autour des maisons datant du siècle dernier, les nombreuses fresques murales racontent la riche histoire du barrio, fier de ses racines ouvrières et de ses icônes de la culture populaire argentine. Ici, lit-on, sont nés les plus grands compositeurs de tango et le boxeur Ringo Bonavena, qui a emprunté le nom de scène du batteur des Beatles avant de croiser les gants avec Ali et Frazier. « Nous avons aussi eu la plus belle équipe de football, en 1973 », renchérit Carlos, le fanatique de Huracán. Les yeux du septuagénaire s’illuminent en même temps que se réveillent en lui les souvenirs des jours heureux. Sans prévenir, il égrène comme un gamin le nom des joueurs qui ont élevé son Globo jusqu’au septième ciel, « Basile, Babington, Brindisi, Houseman, Larrosa… Avec Menotti à la baguette, ils nous ont montré qu’on pouvait gagner...

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