
En matière de football, les dogmes ont la vie dure. L’un d’eux consiste à laisser penser que seuls les joueurs ou entraîneurs évoluant sur le Vieux Continent ont droit à un statut supérieur, comme si le génie se noyait dans l’océan. Cette vision limitée exclut des hommes qui, au cours de l’histoire, ont fomenté des révolutions du jeu et d’autres qui, demain, en écriront à leur tour le futur. Formidable meneur, Marcelo Gallardo est le plus brillant de ceux-là. Loin des projecteurs européens, il a déjà totalement bouleversé le poste d’entraîneur.
La poupée devenue empereur
Certains lecteurs trouveront exagérées ces premières lignes. Ils argueront que Marcelo Gallardo n’a pas fait ses preuves puisque, précisément, il n’a jamais officié en Europe. Et ajouteront ce critère inévitable, qui fait la valeur d’un entraîneur : le palmarès. Selon lequel, parmi d’autres exemples, au prétexte que Marcelo Bielsa « n’a rien gagné », son œuvre n’est pas aussi immense que les hipsters foot la présentent. Malheureusement pour eux, Marcelo Gallardo échappe à ce jugement.
Lorsqu’il prend les commandes de River Plate, après deux années sabbatiques, Marcelo Gallardo n’a comme expérience que la saison 2011-2012, conclue par un titre de champion d’Uruguay avec Nacional. Pas de quoi donner le vertige. En Argentine, il entame pourtant un cycle qui s’étalera sur huit années et demie, record du club, et se soldera par quatorze titres, sept nationaux, sept internationaux. Pour bien mesurer la performance, il faut savoir qu’avant Gallardo, River Plate n’avait décroché en plus de cent ans que cinq titres internationaux. Sous la direction d’« el Muñeco », la poupée, River a doublé son total de Copas Libertadores et garni d’une Copa Sudamericana et de trois Recopas Sudamericanas son armoire à trophée. Marcelo Gallardo a gagné 228 matchs sur 424 disputés, décroché en moyenne un titre...
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