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Argentine
Les mal-aimés du mondial 78 Abonnés
Le 4 novembre 2022
Décrochée à domicile, en pleine dictature militaire, la première étoile de l’Albiceleste ne brille pas autant que la seconde. Tandis que Maradona et les champions du monde 86 sont considérés comme des héros, ceux de 78 pleurent le manque de reconnaissance.
Les mal-aimés du mondial 78


Autour de l’Estadio ­Monumental de Buenos Aires, ce 25 juin 1978, la clameur résonne à des kilomètres à la ronde. Le coup de sifflet final vient de retentir. Les 71 483 spectateurs hurlent de bonheur. Pour la première fois de son histoire, et devant son public, l’Argentine remporte la Coupe du monde en s’imposant 3-1 (après prolongations) face aux Pays-Bas de Johnny Rep et Johan Neeskens. Auteur d’un doublé, Mario Kempes, El Matador à la longue crinière noire, est le héros national. Sur la pelouse encore couverte de papelitos, le gardien de but Ubaldo Fillol et le latéral Alberto Tarantini s’embrassent, à genoux et en pleurs. Un supporter trop euphorique pour rester tranquillement en tribunes les rejoint. Dans les rues de la capitale et du pays, des milliers d’Argentins défilent, chantent et klaxonnent à la gloire des hommes du sélectionneur César Luis Menotti. Un podium est installé sur la piste d’athlétisme du stade de River Plate. Numéro 19 dans le dos, le capitaine de l’Albiceleste, Daniel Passarella, monte les marches et se dirige vers le trophée doré tant convoité. La scène qui suit va à la fois le glorifier et le salir à tout jamais. Lui et tous ceux qui l’accompagneront sur la photo.

Ce n’est pas João Havelange, le président de la FIFA, qui remet la coupe au défenseur. Passarella la prend des mains de Jorge Rafael Videla, le ­dictateur argentin, à la tête de la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État perpétré deux ans plus tôt. Le sourire du commandant en chef de l’armée se devine derrière sa moustache noire. Au second plan, les visages de l’amiral Emilio Eduardo Massera et du général Orlando Agosti témoignent de la même satisfaction. Les leaders de la junte ont réussi leur coup. Attribué en 1966 et hérité des précédents...

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