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Clichés ou véritables identités de jeu ? Abonnés
Le 20 août 2021
Les Anglais sont bons de la tête, surtout sous la pluie, les Allemands un peu bourrins et disciplinés, les Brésiliens forcément beaux, les Italiens truqueurs… Dans le foot des années 1970 et 80, les clichés étaient constitutifs d’une identité aux traits grossiers. Retour sur un foot pas encore globalisé et qui avait du style.
Clichés ou véritables identités de jeu ?

«Le jeu anglais est fait pour les durs. Tous les bons avants-centres ont le nez cassé, les pommettes et les arcades sourcilières éclatées » : la réflexion est signée Ian Branfoot, coach de Southampton, en 1994. « La possession de la balle n’est pas un enjeu », complétait son illustre collègue Bobby Robson. En deux citations, Yves Bigot synthétisait dans son livre Football (éd. Grasset, 1996) THE stéréotype anglais, encore vivace aujourd’hui : le kick and rush. Du jeu long, aérien, direct, avec coup de boule dans la boîte d’un numéro 9 balèze et reprise en second ballon sur des pelouses pourries. Yves Bigot recensait d’autres clichés. Sur la flamboyance de la Seleção brésilienne, forcément solaire : « Le joueur brésilien a le sens du spectacle chevillé à l’âme comme au corps. Il accumule les exploits d’abord pour le plaisir. » Le foot italien en prenait pour son grade, dans un chapitre sur l’arte della comedia, qui stigmatisait les qualités de truqueur des footballeurs transalpins, repliés sur leur catenaccio pour préserver un court avantage, acquis après un contre assassin. Évoquant Séville 1982, l’auteur décrivait la Mannschaft façon Grosse Bertha, « solidaire, efficace, déterminée » et portée par l’entrant Rummenigge, « chevalier teutonique, survolté par sa mission impossible ».



C’est à la fin des années 1970, avec la séquence des buts étrangers sur Stade 2, que ces stéréotypes sur le foot international se sont ancrés en nous, Français. Thierry Roland y commentait les buts anglais, en effet souvent marqués de la tête sur des terrains détrempés, ou les mines de 25 mètres de la Bundesliga, avec un accent de Papa Schultz : « Ach ! Kolossale vrappe de mule de Magath ! » L’impayable Thierry n’avait pas fait les voyages pour rien : « Le Bulgare est truqueur », énonçait-il lors...

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