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Portugal, entre clubisme et patriotisme Abonnés
Le 20 août 2021
Les apparences sont parfois trompeuses : associés sur le même drapeau, le vert, le rouge et le bleu peinent à s’unifier et la Seleção portugaise souffre d’un déficit d’amour au profit des clubs. Ses victoires et les réussites des Figo, Ronaldo ou Mourinho n’effacent pas toujours certains réflexes identitaires. Explication d’un héritage qui peut virer à la schizophrénie.
Portugal, entre clubisme et patriotisme

Au Portugal, nous avons une culture clubistique, mais pas nationaliste » : en mars 2019, alors que la Seleção sort de deux nuls en éliminatoires de l’Euro 2020, António Simões pose les bases d’un débat qui remonte, déjà, au temps où il était joueur. Vainqueur (entre autres) de la C1 1962 avec le Benfica Lisbonne, troisième du Mondial 66 avec le Portugal, l’ex-attaquant témoigne d’« un problème culturel et non footballistique ». Le Portugal est-il vraiment, comme il l’affirme, un pays de clubs plus que de sélection ?

Au Portugal, au-delà de la « culture clubistique » évoquée par Simões, il y a le clubisme, dévotion exclusive, souvent excessive, à son club de cœur. Une affaire à trois. João Sedas Nunes, docteur en sociologie de la culture à la Faculté des sciences sociales et humaines (FCSH) de Lisbonne, a publié en 2007 une thèse sur les Cultures des supporters de football au Portugal. Selon lui, « la spécificité des amateurs de football portugais est qu’à pratiquement 90 %, ils se disent supporters de trois clubs seulement : Benfica, FC Porto, Sporting ». Et que le club est un héritage familial, avec un « phénomène de reproduction de l’ordre de 70 %. Au fond, c’est la rencontre entre deux amours, quand les filiations parentale et clubistique convergent ».

« Porto était à l’arrière du bus, le Benfica devant, le reste au milieu »

Les problèmes surgissent lorsque les amours divergent. Avec la Seleção comme scène de ménage. « Dans les années 1980, la sélection était l’expression de conflits sportifs existants, qui avaient aussi une nature politique, se souvient João Sedas Nunes. On les retrouve dans l’expérience des joueurs sélectionnés. » International entre 1983 et 1995, Paulo Futre revenait, en mai dernier, sur Canal 11, sur ses années en équipe nationale :...

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