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Les enfants du divorce Abonnés
Le 20 août 2021
Entre le foot d’hier et celui d’aujourd’hui, la séparation a eu lieu il y a trente ans. La manière dont nous la vivons en dit long sur les animaux sociaux que nous sommes. Que cherchons-nous au juste dans le football ? Pas sûr que nous le sachions nous-mêmes.
Les enfants du divorce

Êtes-vous pour ou contre la Super League ? Êtes-vous un consommateur gourmand, pour qui l’élitisme et l’entre-soi sont une garantie de grand spectacle ? Ou, au contraire, un romanesque qui s’assume, écœuré par le cynisme du football commercialisé d’aujourd’hui, nostalgique d’un âge d’or où tout était plus authentique ? Ne cherchez pas à vous classer dans l’une ou l’autre des deux catégories. On a le droit d’être tiraillé entre les deux. Nous sommes aujourd’hui les enfants d’un divorce qui a été consommé il y a une trentaine d’années et qui s’est révélé, une fois n’est pas coutume, très bénéfique pour les deux parties, alors qu’on s’attendait à ce que l’une d’entre elles en sorte anéantie.

Une séparation devenue inévitable

Ce divorce, c’est celui, au début des années 1990, du football professionnel des clubs, las de se voir entravé par un mariage forcé, et du football traditionnel, incarné par des fédérations jugées dépassées par l’évolution rapide de leur environnement. Il est vrai que tout au long de la décennie précédente, le développement rapide des technologies et des infrastructures de communication a radicalement changé le paysage médiatique. Et les nouvelles doctrines de dérégulation imposées par Thatcher, Reagan, Kohl et consorts ont abouti à une libéralisation à tout va des marchés audiovisuels.

Pour un football professionnel qui s’apprête tout juste à sortir de ses années noires – Hooligans-Heysel-Hillsborough – c’est inespéré. Il y a une opportunité unique à saisir, un modèle économique à imaginer, beaucoup d’argent à gagner.

À ce moment-là, son mariage avec le football de toujours, porté par nature sur la conservation prudente de son acquis historique et sur le développement de la pratique sportive de base, ne peut plus être sauvé. Le divorce est devenu inévitable. Et il se manifeste d’abord par la création des ligues professionnelles, symboles d’émancipation et...

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