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football professionnel
On peut vivre sans gagner Abonnés
Le 16 février 2022
Jeu devenu sport, divertissement devenu métier, le football a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Au point d’emprunter l’autoroute de l’élitisme ? Toutes les réformes vont dans ce sens : les meilleurs restent avec les meilleurs, les riches avec les riches. Mais faut-il nécessairement être fortuné et en position de gagner pour exister au XXIe siècle ?
On peut vivre sans gagner


Jauger les transformations du football à l’aune de l’évolution de la société est une tendance très répandue. S’il y a de la violence dans les stades, c’est parce que la société est de plus en plus violente. Si le football est gangrené par la corruption et les magouilles en tout genre, c’est parce que la société s’adonne aussi à ces vices. La conclusion est implacable : le football est le reflet de la société. L’hyper-individualisation, l’égoïsme et la défense de ses intérêts au détriment de l’intérêt collectif alimentent le parallèle.

De cette manière, il devient facile d’expliquer les différentes réformes passées, ainsi que celles qui s’annoncent. La Super Ligue et la Ligue des nations, qui fonctionnent par division de niveau, en sont deux superbes exemples. Des propositions uniquement motivées par l’élitisme et l’appât du gain. D’aucuns suggèrent d’ailleurs que les éliminatoires de la Coupe du monde pour le continent européen devraient se calquer sur le modèle de la Ligue des nations. C’est le point de départ de cette réflexion : faut-il être capable de gagner pour exister ?

Le déclassement des petits au profit des plus gros

Saint-Marin, Andorre, Îles Féroé, Liechtenstein, Luxembourg, Chypre… ce sont les noms de ces petites nations appelées au déclassement par ceux qui souhaitent des éliminatoires par divisions. Elles sont sacrifiées sur l’autel de la performance. Si le football ne devait se résumer qu’à cela, parlerions-nous encore de jeu ? Si le seul résultat devait présider au fonctionnement des compétitions, évoquerions-nous encore les émotions provoquées par les rebondissements d’un match spectaculaire, d’un geste technique, d’une ambiance de stade ? Par quel mystère sommes-nous devenus assez cyniques pour vouloir nous priver de cohabitation entre les petits et les grands, les très riches et les rois de la débrouille ? Cette cohabitation n’est pas censée remplir les...

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