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Un peu de nerf au micro, svp ! Abonnés
Le 16 février 2022
Ces dernières années, les commentateurs sportifs ont tous adopté le même ton. Comment se distinguer et rester naturel sans pour autant retourner aux années 1980-90 ? Existe-t-il une troisième voix ?
Un peu de nerf au micro, svp !


Êtes-vous déjà entré dans une boutique The Kooples ? Si ce n’est pas le cas, tentez l’expérience. Vous verrez, c’est beau, c’est propre, parfaitement achalandé. Pantalons, vestes, chemises, costumes, tout n’y est qu’élégance et sobriété, marron, noir, gris. Et cette impression que toutes les fringues se ressemblent. Rien ne dépasse, rien ne choque. Rien à dire. C’est chic et cool. Précisément ce que je ressens à l’écoute de la plupart des commentaires de foot à la télé. C’est beau, c’est propre. C’est parfait.

Les mêmes formules, le même ton, plus ou moins, à quelques expressions près. Les commentateurs sont interchangeables. Ils trouvent les frappes « somptueuses », les inspirations « géniales » et que, « ooooooh, elle est belle cette image, merci à Jean-Jacques Amsellem ». La voyelle s’étire, le but exceptionnel devient « le but exceptioneeeeeeeeeeel », la parole ne dévie jamais, la critique est contenue, l’information et les statistiques sont surabondantes, omniprésentes, pendant quatre-vingt-dix minutes. Mais il manque le plus important : l’émotion et l’engagement. Pour le jeu, pour le foot. Et la spontanéité, la colère ou la joie, qu’on ressent sur son canapé ou dans un bar avec ses potes.

Je suis un enfant des années 1980. À l’époque, je n’avais pas Canal. Longtemps, pour moi, le commentaire de foot s’est résumé à ces deux voix, toujours les mêmes : Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. Deux potes un peu franchouillards, qui mataient un match, échangeaient et parfois digressaient. Le plus naturellement du monde. Sans filtre ou presque. « Et pourtant, on nous a parfois reproché d’être un robinet d’eau tiède. Si nous, on était un robinet d’eau tiède, alors aujourd’hui, c’est la banquise qui se déverse, se marre Larqué. Il me semble qu’on n’a jamais épargné les joueurs, les entraîneurs, les dirigeants, ce qui nous a valu...

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