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« La Fifa devra dédommager les travailleurs » Abonnés
Le 4 novembre 2022
Depuis l’attribution de la Coupe du monde au Qatar, en 2010, Amnesty International enquête sur les violations des droits de celles et ceux sans qui cet événement ne pourrait avoir lieu. Le bilan est désastreux.
« La Fifa devra dédommager les travailleurs »


Deux millions de travailleuses et travailleurs migrants vivent au Qatar. Ils étaient un million il y a dix ans. Ils sont principalement originaires d’Asie du Sud-Est et d’Afrique. Ils ont tout laissé pour gagner leur vie et subvenir aux besoins de leur famille.

Des réformes importantes ont été annoncées par le Qatar ces dix dernières années, mais elles ne sont pas ou trop peu appliquées. Officiellement, Doha a abrogé la kafala, un système de parrainage qui obligeait les travailleurs migrants à obtenir un permis pour quitter leur emploi. En pratique, les employeurs les empêchent toujours de quitter le pays. Certains d’entre eux ne reçoivent pas de salaire depuis des mois et lorsqu’ils protestent, ils sont expulsés, comme il y a quelques semaines, dans le centre de la capitale.

Piégés dans l’enfer qatari

Les travailleurs se retrouvent piégés, à la merci de patrons peu scrupuleux, exposés aux dangers du travail forcé. Quant aux milliers de décès sur les chantiers, aucune enquête n’a pratiquement été menée par le Qatar. Les familles des victimes sont privées de justice et d’indemnisation. Quand des hommes relativement jeunes et en bonne santé meurent brutalement après de longues heures de travail, par une chaleur extrême, cela incite à s’interroger sur les conditions de ce travail. Parmi les risques les plus documentés et prévisibles, il y a l’exposition à une chaleur et à une humidité extrêmes. Le Qatar délivre pourtant régulièrement des certificats de décès, sans avoir creusé plus avant. Les morts sont attribuées à des « causes naturelles » ou à de vagues problèmes cardiaques.

Sujan Miah avait 32 ans lorsque des collègues l’ont découvert, inconscient, dans son lit, le 24 septembre 2020 au matin. Il était tuyauteur sur un chantier dans le désert, où, les quatre jours précédant sa mort, il travaillait par des températures dépassant...

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