Depuis la fin de la Yougoslavie, le Velež Mostar éprouve les pires difficultés à renouer avec la gloire sportive qui fut la sienne, pour la dernière fois dans les années 1980, époque dorée des Vahid Halilhodžic et autres Dušan Bajevic. Entre-temps, un pays et un système politique se sont effondrés, un autre club, le Zrinjski Mostar, est réapparu et la ville de Mostar s’est profondément transformée.

Penchant socialiste

À sa création en 1922, le « Club sportif des travailleurs Velež Mostar » se choisit un nom qui ne cache rien de son inclination pour le mouvement socialiste. Elle ne sera jamais démentie. La Seconde Guerre mondiale marque un premier bouleversement majeur sur la scène du football à Mostar. De nombreux joueurs du Velež s’engagent dans le mouvement des Partisans de Tito. Après la victoire, le leader de la Yougoslavie socialiste fait fermer les clubs ethniques qui ont collaboré avec l’ennemi. Dont le Zrinjski Mostar, né en 1905, qui revendique son caractère croate et a participé au championnat de la Croatie oustachie, pro-nazie. Il est interdit par le nouveau régime communiste en 1945, dans l’immédiat après-guerre marqué par un enthousiasme reconstructeur. Des stades sortent de terre un peu partout, construits par les habitants eux-mêmes. C’est le cas à Mostar, où le stade Bijeli Brijeg est inauguré en 1958. Pendant plus de quatre décennies, le Velež est le club unique d’une ville qui se modernise, à la population mixte, attaché à l’héritage socialiste. Il incarne son identité, sa réussite, son esprit.

De 1992 à 1995, la guerre change profondément la donne, pour la ville comme pour le club. Mostar est le théâtre d’affrontements entre Croates et Bosniaques. Le vieux pont, chef-d’œuvre de l’architecture ottomane, est détruit par l’artillerie croate. On assiste à des déplacements massifs de population. Les habitants de Mostar changent...