Après une défaite de Tottenham à Southampton (0-1), en décembre 2020, José Mourinho dénonçait ainsi les dérives d’une technologie qui plaçait les hommes en noir en état de dépendance : « Les arbitres ne sont plus arbitres. L’assistance vidéo à l’arbitrage, ça ne convient plus. C’est plutôt l’arbitrage vidéo. C’est étrange, car les arbitres sur le terrain ne sont plus les arbitres du match. Ce sont ceux qui sont dans le camion, les assistants, qui prennent les décisions. » On peut par moments soupçonner The Special One d’arrogance, sinon d’hypocrisie. Mais ce soir-là, il alimentait le débat entre les pro et anti-VAR. Noyés dans les mutations du football moderne, les anti, autoproclamés romantiques, sont relégués au rang de réactionnaires. En face, les pragmatiques s’arrogent le droit de modifier les règles au nom du bien.

De quoi cette guerre est-elle le nom ? L’objet de cet article n’est pas d’adresser bons et mauvais points à l’assistance vidéo, mais d’expliquer en quoi, avec les meilleures intentions du monde, elle conduit à l’écrasement des valeurs du football.

Et l’homme créa la VAR

Penalty oublié, but refusé, faute décriée… depuis que la VAR règne sur les championnats, à chaque week-end son lot de controverses. On ne comprend pas, dès lors, quelle en est la logique arbitrale, pas plus que ses conditions d’application. Conscient de cette situation, le secrétaire général de l’International board (l’instance qui détermine et fait évoluer les règles du jeu du football) a décidé en 2019 de n’inverser les premières décisions arbitrales qu’en cas d’« erreurs claires et évidentes ». Ce qui n’a pas fait taire les critiques. Des entraîneurs de premier plan ont depuis fustigé les dérives de l’assistance vidéo, qu’ils jugent inefficace. « La VAR n’a fait que reporter le problème dans une pièce fermée avec trois ou quatre personnes....