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1990, les années fisc Abonnés
Le 21 août 2023
L’un porte des cravates en soie, l’autre des survêtements trop grands. Et pourtant, Bernard Tapie et Aimé Jacquet ont une chose en commun : la gagne. Ils sont les symboles d’une décennie d’or et de contrôles fiscaux.
1990, les années fisc

Tout commence par un contrôle fiscal. Mais quand Tapie raconte, ce 12 juin 1990, c’est Indiana Jones. Gros fauteuil blanc de président de tout, costard italien, cravate et pochette en soie, brushing et grande gueule : il hypnotise les téléspectateurs de L’Heure de Vérité, messe mensuelle du lundi 20 h 30 sur Antenne 2 – dont François Mitterrand est un adepte. Juste après le générique, le Live and let die des Wings de Paul McCartney et BO de James Bond, on discute affaires, reprise d’entreprises en difficulté, mais aussi politique et, bien sûr, football. Le président de l’OM, fraîchement éliminé par la main de Vata en demi-finale de C1, incarne une certaine idée du futur. Il vend ses idées de réforme des clubs français comme, dans sa jeunesse, il vendait des télés couleur. « On peut continuer avec des associations loi 1901, si c’est ce que vous voulez faire, on peut le faire, ironise-t-il. Mais on sera jamais champions d’Europe. Si vous voulez autre chose, il va falloir qu’on dépense beaucoup d’argent. » En juin 1990, entre la France et Tapie, c’est une histoire d’amour. Mitterrand cornaque comme il faut son Premier ministre, Michel Rocard. Il a imposé sa garde rapprochée au gouvernement, dont Michel Charasse au poste stratégique de ministre délégué du Budget – c’est-à-dire, en gros, des contrôles fiscaux.

À la télé, Tapie en fait des caisses pendant trois quarts d’heure. Le pire, c’est que ça marche. Car Tapie est une star. D’un nouveau type : syntaxe approximative, décontracté quand il parle d’argent, amour du risque. Il représente le libéralisme triomphant et le futur de la France – et de la gauche, espère le locataire de l’Élysée. Relayée par Le Canard Enchaîné, une rumeur prétend que le président de la République serait intervenu auprès de son ami Michel...

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