la revue
Culture foot
Apprendre à perdre Abonnés
Le 21 août 2023
Avant de la jouer et d’éventuellement la gagner, si on essayait de la penser ? Comment ? En se posant la seule question qui vaille : c’est quoi, au juste, la Coupe d’Europe ?
Apprendre à perdre

Pour une fois, c’est au tennis qu’il faut emprunter ses rituels. Chaque dernière semaine de mai, au moment des premières plages (au Sud) ou des premiers polos (au Nord), entre le mercredi et le vendredi, on guette la sentence. Qui annoncera en premier la nouvelle tragique de fin de première semaine :  « C’est officiel, il n’y a plus de Français à Rolland Garros » ? Comme ces formules de politesse qu’on entend plus, tant on nous les répète, le refrain passe désormais inaperçu. La première dizaine d’années (AYN, après Yannick Noah, 1983), ces mots faisaient encore mal. La douleur était le résidu d’un espoir encore possible et relevait du drame sportif. Depuis, ils font presque rire.

Oui, rire. D’un rire nerveux. D’un rire qui prend toute la mâchoire et n’en peut plus d’éclater chaque année à la même période depuis quarante ans. Et comme on n’en a jamais fini avec la nostalgie, on se replonge dans Tous les autres s’appellent Noah, le formidable documentaire de Benjamin Rassat, qui passe en revue les sept adversaires de sa quinzaine magique. Le bon génie français évite soigneusement d’évoquer la malédiction : un seul titre du Grand Chelem et quarante ans passés à s’en souvenir. Heureusement que Djokovic n’est pas français. Il aurait atterri à Sainte-Anne il y a longtemps.

Acte manqué, discours réussi

En France, c’est un point commun entre Grands Chelems et coupes d’Europe de football : la lose y est omniprésente. Et on dit bien la lose, pas les échecs. La lose est bien plus qu’un échec. Perdre en demi-finale ou en finale contre un rival supérieur en prestige ou sportivement n’a rien de déshonorant. Ce n’est pas ça, la lose. La lose, c’est bien plus, une défaite associée à la honte. Un revers qui tient davantage du sabordage que...

Contenu réservé aux abonnés

82 % de ce contenu restent à découvrir !

Pour le consulter, vous devez vous connecter ou vous abonner.

commentaireCommenter