la revue
Clubs français
Bordeaux, le gentil garçon Abonnés
Le 21 août 2023
Bordeaux c’est le bon élève qui, une fois par décennie, enfile sa chemise Vichy pour défoncer le dance floor.
Bordeaux, le gentil garçon

J’ai honte. J’ai honte parce que je me sens démuni quand on me parle du plus grand match de l’ère moderne des Girondins. Je n’étais pas devant ma télé ce soir de fin d’hiver, le 19 mars 1996. Je n’ai pas vu Bordeaux-Milan, moi, le gamin de la région, né à Talence comme à peu près 50 % des Bordelais, tombé enfant dans la piscine du château du Haillan au scapulaire gravé sur la céramique, Petit Nicolas dont le voisin de lotissement avait appelé son caniche noir Dropsy.

Je n’ai pas vu en direct le déboulé côté gauche de Bixente Lizarazu, son service pour Didier Tholot, maladroit mais buteur. Ni le dos décisif de l’arbitre turc, Monsieur Cakar, dévier le coup franc de Zinédine Zidane sur le pied gauche de Christophe Dugarry. Pas plus que je n’ai entendu le hurlement de castrat du commentateur Michel Platini sur le but du 3-0 de Duga. Qui se rappelle : « Pour moi, ce jour-là, tout a fonctionné. Deux buts, sans contrôle, en une touche de balle. Il y a des soirs comme ça. » Il y a des soirs comme ça où l’on n’a pas le droit de passer à côté. Des soirs où on a la chance de jubiler sous le regard effaré de Franco Baresi, devant les têtes baissées de Marcel Desailly et Paolo Maldini ou la mine effondrée de Roberto Baggio.

Être supporter bordelais et ne pas avoir vibré en direct à ce séisme européen, c’est comme être fan de Francis Ford Coppola sans avoir vu au cinéma les Parrain I et II - le III est un ton en dessous. Il y a ceux qui étaient devant leur poste et les autres. Je suis de ceux-là. Je n’avais pas Canal. Non négociable.

Cette saison-là, Bordeaux a sorti en...

Contenu réservé aux abonnés

85 % de ce contenu restent à découvrir !

Pour le consulter, vous devez vous connecter ou vous abonner.

commentaireCommenter