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Clubs français : le triomphe du court-termisme Abonnés
Le 21 août 2023
Dans une économie du football libéralisée, les inégalités se sont creusées. Faute d’une stratégie adéquate, les clubs français ne se sont pas adaptés aux nouvelles contraintes. Analyse.
Clubs français : le triomphe du court-termisme

Pour les historiens, le début des années 1990 correspond à celui de la période postmoderne du football, qu’en tant qu’économistes, nous qualifions de Trente Glorieuses du ballon rond. Elle s’ouvre avec l’arrêt Bosman, en 1995, suivi par l’envolée des droits TV et l’arrivée de nouveaux propriétaires, dont beaucoup de milliardaires. Le marché des joueurs s’est libéralisé, est devenu global et les revenus des clubs ont augmenté rapidement. En a résulté une montée des inégalités entre ligues et entre clubs : les grandes équipes européennes ont confisqué une grosse partie des ressources, et donc des talents. Cela n’a pas été sans conséquence sur les performances sportives, notamment dans les coupes européennes. Dans ce contexte, les clubs français, par mauvaise stratégie et vision court-termiste, n’ont pas glané de victoires continentales.

Prenons d’abord la croissance des revenus dans le Big 5 (Voir graphique 1, page 42). En vingt-cinq ans, si on ne tient pas compte de la saison 2019-2020, ils ont fortement augmenté dans les cinq principaux championnats européens. Mais à des degrés divers. Cette hausse a donc été accompagnée d’un creusement des inégalités entre les ligues, notamment entre la Premier League et les autres. L’écart est resté relativement stable jusqu’en 2013, mais il a beaucoup crû depuis, ce qu’explique l’explosion des droits TV (domestiques et internationaux) outre-Manche. Entre 2013 et 2020, les revenus globaux de la Premier League ont doublé, également aidés par la croissance des revenus commerciaux des plus gros clubs anglais.

Les riches et les autres

Grossissons la focale, pour nous intéresser aux seuls clubs européens les plus riches. Au sein de ce gotha financier, les inégalités ne se sont que légèrement accrues. À l’inverse des écarts de revenus entre cette élite et les autres : en 2001, la part des revenus des vingt clubs européens les plus riches représentait...

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