Les années 90 en… Angleterre par Julien Laurens

Le côté obscur de l’Empire

Les années 1990 sont un moment charnière dans l’histoire des clubs anglais. Elles marquent, avant tout, la fin du purgatoire. Le terme de cinq longues années de suspension après le drame du Heysel, à Bruxelles, au cours duquel trente-neuf personnes, dont trente-deux supporteurs de la Juventus, ont trouvé la mort, après des charges des hooligans de Liverpool, avant la finale de C1 entre les deux clubs, en mai 1985.

Avant leur exclusion, entre 1977 et 1984, Liverpool, Nottingham Forest et Aston Villa avaient remporté sept des huit titres de champion d’Europe, dont six de suite. La domination anglaise était outrancière. Et même si Margaret Thatcher, la Première ministre britannique, avait soutenu la sanction (« nous avons besoin de purger le sport de ces hooligans, chez nous comme à l’étranger », avait-elle tancé), la sanction peut sembler sévère. Elle aurait pu signer la fin du football anglais. Au contraire, elle lui sert à rebondir. Pendant le temps de l’expiation, et alors que leur championnat décline, sonné par les ravages du hooliganisme et le manque d’évolution de leur football, les Anglais ont cherché une nouvelle voie.

En 1990-91, ils reviennent en coupe d’Europe par la petite porte : la Coupe des vainqueurs de coupes et la Coupe de l’UEFA. La C1 attendra l’année suivante. Arsenal y est éliminé dès le deuxième tour par Benfica, comme Leeds par les Glasgow Rangers, la saison d’après, pour la première édition de la Ligue des champions telle qu’on la connaît aujourd’hui. Manchester United, qui a remporté la C2 en 1991, est sorti au même stade, par Galatasaray, en 1994. Pis, en phase de poule, en 1995, Blackburn est humilié par Rosenborg, le Legia Varsovie et le Spartak Moscou. C’est aussi désastreux dans les...