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L’After de l’élégance : un autre 1984 Challenger, histoire d’un mythe Abonnés
Le 13 mars 2024
Le 27 juin 1984, l’équipe de France remporte son premier titre majeur. Enfin. Un exploit que la littérature sportive radote encore et encore, passant sous un navrant silence l’autre performance réalisée cette année-là par la bande à Platini. Qui se souvient qu’alors, sans le vouloir et probablement sans le savoir, ces Bleus façonnent depuis six mois la dégaine de la jeunesse française avec leur outil de travail ? Leur survêtement, le Challenger d’Adidas.
L’After de l’élégance : un autre 1984 Challenger, histoire d’un mythe

Sorti en décembre 1983, ce monument du sportswear déclenche une révolution de style : pour la toute première fois, le football va définir une allure et jouer les prescripteurs. C’est nouveau. Le tennis (depuis René Lacoste, puis Stan Smith) ou le basket-ball (avec Converse et bientôt Michael Jordan) inspirent déjà la mode populaire, mais le vestiaire foot n’est encore jamais passé du stade à la rue. La faute à son équipement, inadapté à la vie de tous les jours – on n’aurait pas idée d’aller danser en moulées –, et à un potentiel marketing mollement exploité hors du pré. Toisé par la fashion, qui se gausse de ces beaufs mal gaulés, las et sans armes, le foot a laissé ça à d’autres.

Qu’a donc de disruptif ce jogging à 600 francs fabriqué par Ventex, l’usine filiale d’Adidas implantée près de Troyes, dans l’Aube ? Pourquoi fait-il soudainement du prof de gym, qui le porte avec un polo Ivan Lendl, le dandy du bahut ? Pourquoi sa veste, surtout, atterrit-elle sans discernement de classe sur le dos des loulous en Levi’s-baskets comme sur les épaules des étudiants, qui la portent par-dessus un pull col cheminée et un chino New Man ? Pourquoi plaît-il aux ringards du Macumba, tout à coup bath, et aux primo rappeurs période H.I.P.H.O.P. ?

Le Challenger agrège une foule de détails qui tuent : l’empiècement des trois bandes aux épaules, le col en bord-côtes, le bleu marine tenue de soirée, le zip sur le mollet qui, en un Éclair, fait d’un bas de survêt’ un pantalon carotte ou un patte d’éph’. Et puis, il y a sa matière ! Les jogs d’alors sont en acrylique, ce synthétique du diable qui fait suinter en hiver comme en été. Cet élégant, lui, est en peau de pêche, mélange de...

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