Vous avez sans doute plein d’amis qui veulent changer de vie, s’installer à la campagne ou au bord de la mer, ouvrir une épicerie dans le Vaucluse ou aller faire du surf en Australie. À moi aussi, il est arrivé d’échafauder des plans improbables, de penser à m’évader, à reprendre un petit club de district et à le propulser en Ligue des champions. Jouable, mais pas simple.

Et puis, il y a ce truc que j’ai toujours rêvé de faire et qui s’offre à moi aujourd’hui : participer à la déconstruction d’un mythe. Un mythe footballistique, certes, mais un mythe quand même : l’amour du maillot, la fidélité aux couleurs, l’abnégation au profit d’un club.

Et le faire avec l’aide de deux yorkshires et d’une femme de footballeur est plus jouissif encore…

La bonne affaire (ou pas)

L’histoire prend forme à Lens, dans la touffeur de l’été 1998, entre les effluves de merguez d’un titre de champion de France improbable et les derniers confettis de l’immense délire collectif qui a escorté les champions du monde français. Éric Sikora, l’emblématique arrière droit du RC Lens, qui joue au club depuis qu’il a dix ans, a des envies d’ailleurs, des rêves de Premier League. Gérard Houllier, l’ancien prof d’anglais de Nœux-les-Mines et nouveau manager des Reds de Liverpool, flaire la bonne affaire. Les rendez-vous et les pourparlers sont fructueux, bref, le contrat est en bonne voie d’être bouclé. Pourtant, Sikora ne signera jamais, ni à Liverpool, ni ailleurs.

Que s‘est-il donc passé ? Sikora a-t-il eu des remords au moment de quitter son club, sa ville, sa région, ce supplément d’âme sang et or qui le lie aux supporters locaux ? Est-il resté pour l’amour du maillot ? L’histoire serait belle. Elle est moins romantique qu’elle en a l’air.

Le joueur aurait...