D’abord, il y a la réalité juridique. Devant la loi, les supporters ne sont rien. Même organisés en association, ils ne peuvent prétendre à quoi que ce soit. Ils n’existent pas en tant que tels. Le supporter est le consommateur d’une entreprise de spectacle, libre d’applaudir ou de siffler en fonction de la qualité. Libre aussi de ne pas revenir à la prochaine séance. Mais le spectateur est différent du supporter car ce dernier est fidèle et revient toujours. Être là, même quand le club perd ou est en crise, c’est le comble du chic pour lui. Mais attention, cette présence régulière peut être exploitée par un dirigeant comptable convaincu que peu importe les acteurs, la justesse et l’émotion, son club fera toujours recette. Définir le rôle exact du supporter relève finalement de l’analyse socio-économique.
Avec l’émergence des groupes ultras dans les années 90, le supporter, qui n’était alors qu’un simple spectateur venu voir un match du club de sa ville, a muté. On a commencé à parler d’identité du club, d’ancrage local, de défense des valeurs (terme fourre-tout) régionales. Le poids économique devenant plus important dans la vie des clubs, une sorte de « lutte des classes » s’est mise en place. Le supporter devient le garant de la probité, d’une vision romantique du football. Nicolas Hourcade, sociologue, spécialiste des supporters, résume : « L’essor des mouvements ultras a accéléré l’émergence de cette notion d’appartenance du club à ses supporters. Les ultras ont revendiqué leur indépendance, leur droit de critiquer et d’être en désaccord avec la direction. » Il ajoute : « Depuis les années 50, le football a changé, il est devenu un business, la distance entre les supporters d’une part et les joueurs et président d’autre part s’est creusée. Les années 90, avec l’émergence des ultras, mais...
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