Le 20 novembre 2022, trois jours avant de débuter son parcours en Coupe du monde au Qatar face au Costa Rica, Luis Enrique, le sélectionneur espagnol, se connecte à internet et dresse pour son public son autoportrait sur Twitch. Le fond du discours est parfaitement calculé, la maîtrise du scénario totale. Il est indispensable de prendre de l’avance sur les événements et de normaliser, devant les médias, ce qui, au camp de base de la sélection espagnole, est perçu comme une anomalie préoccupante. L’étincelle qui a mis le feu aux poudres ? La question d’un curieux anonyme : « Si Busquets était le prolongement naturel de Del Bosque sur le terrain, quel est le vôtre ? » Luis Enrique répond, d’un ton faussement jovial : « Ma foi, mon choix est vite fait : Monsieur Ferran Torres. Sinon, ma fille me coupe la tête ! »

L’Espagne a été éliminée le 6 décembre, après une défaite contre le Maroc, mais l’équipe était morte depuis longtemps. Sa décomposition a été morale avant d’être sportive. L’engrenage a été déclenché par ce spectacle donné sur Twitch, dans lequel Luis Enrique a levé le voile sur deux évidences : d’abord, que sa fille Sira, 22 ans, entretenait une relation avec Ferran Torres, l’ailier droit de l’équipe ; ensuite, que son prolongement sur le terrain n’était pas le footballeur le plus qualifié, ni même le plus expérimenté, mais ledit Ferran Torres, considéré, par ses coéquipiers et par les meilleurs recruteurs européens, comme un attaquant de troisième catégorie.

La gloire de mon traître

Derrière les grands échecs du football, il y a toujours la trahison du code qui régit le quotidien d’une équipe. L’expérience des sélections nationales espagnole et française nous en offre la meilleure preuve, en 2022 au Qatar pour la première, à l’Euro 2021...