Le foot, c’est pas un sport de gonzesses. » Cette sottise désormais obsolète a pourtant été, pendant un demi-siècle, un constat, certes dénué d’élégance, mais pas de vérité. Comment aurait-il pu en être autrement ? Quand le sexisme est imposé et légitimé d’en haut par les autorités compétentes, sous forme d’une interdiction pure et simple faite aux femmes, il est normal qu’il s’installe, puis s’enracine.

Quand, au début des années 1970, les femmes furent enfin gracieusement autorisées à pratiquer ce jeu qu’elles s’étaient pourtant déjà approprié, avec succès, avant d’être bannies des stades à l’issue de la Grande Guerre, les hommes la prononçaient toujours, cette phrase, avec un sentiment de supériorité et comme une évidence.

Depuis, un autre demi-siècle s’est écoulé. Et le rattrapage, s’il a paru bien lent à plus d’une, a été spectaculaire.

Les « réticences » de Thierry Roland

Sauf à être un misogyne invétéré, enfermé dans sa bulle abrutissante sur le web, il est devenu difficile de tenir des discours sexistes. Les femmes ont investi tous les recoins de l’écosystème foot : pratiquantes assidues et championnes reconnues, spectatrices occasionnelles et supportrices passionnées, entraîneures diplômées et arbitres respectées, dirigeantes compétentes et bénévoles dévouées, journalistes établies et consultantes écoutées – d’accord, d’accord, elles ne sont pour l’instant pas bien nombreuses dans le sommaire de cette revue encore jeune, mais faites-moi confiance, la question n’est pas si, mais quand elles finiront par y figurer en bonne place.

Signe des temps, quand Marianne Mako la pionnière, au service de Téléfoot il y a trente-cinq ans, est décédée en 2018, tout le monde a exprimé le respect qui lui était dû pour son professionnalisme, alors que les « réticences » de Thierry Roland à son encontre étaient unanimement dénoncées pour ce qu’elles étaient, du machisme de bas étage, réflexes et reflet...