Je me souviens de tout. Pendant des années, j’aimais penser, et m’en désolais presque, que mon cerveau était rempli de choses qui ne servaient à rien. Je gardais tout en tête. Comme un défi. La compo des Verts contre le Bayern en 1976. Tous les matchs de Bastia en 1978. Je forçais ma mémoire à bosser sur les matchs qui ne passaient pas à la télé. Le 5-0 de Saint-Étienne à Hambourg, c’est comme si je l’avais vu en direct.

Les soirées du mercredi. Je ne compte pas le nombre de fois où je suis allé me coucher triste d’une nouvelle élimination. Je soutenais toutes les équipes françaises les soirs d’Europe. Je préparais les matchs, je les vivais et, souvent, je les pleurais.

Quand on est né en 1970, on a tout vu, tout vécu. Les soirées européennes qui tournent mal, on les a au milieu du bide. C’était toujours pareil. On y croyait. Et puis, la rengaine. Les explications, toujours les mêmes : un fait de jeu, une injustice, un arbitre malveillant. Et la soirée virait à l’amer.

Saint-Étienne a incarné l’espoir. Certes, les Verts avaient perdu, mais après eux, il n’y aurait que des victoires. Ils avaient ouvert la voie. C’était tellement inique, cette soirée à Glasgow. On fêtera en 2026 les 50 ans des « poteaux carrés ». Un mythe. On ne parle jamais du but refusé au Bayern en début de match pour un hors-jeu inexistant. Entre la légende et la réalité... Chacun imprime ce qu’il veut.

La magie des Verts s’est fracassée un an plus tard contre Liverpool. Mars 1977. Le premier match de ma vie est une défaite en coupe d’Europe sur la nouvelle télé couleur du salon.

En D1, j’adorais les Verts, même s’il y avait d’autres équipes qu’on disait fortes. Mais en...