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Les monologues d’Enzo Abonnés
Le 13 mars 2024
Il joue meneur de jeu, il est d’origine italienne, il parle français. Enzo Scifo a 18 ans quand, avec la Belgique, il affronte son idole, Michel Platini, pour le deuxième match des Diables rouges à l’Euro 84.
Les monologues d’Enzo

Mon nom est Vincenzo Scifo, mais tout le monde m’appelle Enzo. On dit de moi que je suis « le petit Pelé » ou « le nouveau Platini ». Je préfère la seconde option. Je joue 10, comme lui, le buste droit, la tête relevée. Ma famille est italienne. Comme la sienne. Mon père descendait dans la mine. Comme son grand-père. Question intégration, Michel a une génération d’avance. Moi, je viens à peine d’obtenir ma naturalisation et mes performances sur le rectangle vert n’y sont pas pour rien. Une partie de l’opinion a grincé des dents. L’autre s’est frotté les mains, persuadée de tenir le successeur de Paul Van Himst. Aujourd’hui, mon équipe défie celle de Platini. Le pays hôte contre le finaliste du dernier Euro. Un match attendu, malgré notre palmarès de puceau. C’est pas gagné d’avance, mais, à en croire la presse, nous pouvons désormais regarder les Bleus dans les yeux.

Le Sicilien

Dans les vestiaires de la Beaujoire, le Mister, Monsieur Guy Thys, nous a dit qu’en 1976 et 1982, les matchs aller-retour contre la France avaient tourné en notre faveur. Il nous a parlé de notre campagne de qualif’ triomphale. Il nous a rappelé qu’on avait déjà deux points dans l’escarcelle. Et qu’une seconde victoire, après celle contre la Yougoslavie (2-0), suffirait à nous propulser en demi-finale. J’ai fini de lacer mes chaussures et entrepris de passer un dernier coup de peigne dans mes cheveux. Depuis mes débuts à la Louvière, j’affiche une coupe impeccable. « Il n’est pas né celui qui décoiffera mon Enzo », se vantait mon père derrière la main courante des Loups, puis dans les travées du vieux stade Émile Versé d’Anderlecht, que j’ai rejoint à 17 ans. C’était il y a tout juste un an. Avec ma mère, ils sont arrivés...

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