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Le 16 février 2022
Cible de toutes les attaques, le journaliste sportif a traditionnellement mauvaise presse. Incompétent, partial, illégitime… le malheureux cumule tous les défauts. Et pourtant il est indispensable.
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Tentez une expérience. Prenez un événement historique au hasard. Un grand, un vrai, de ceux qu’on apprend à l’école. La prise de la Bastille, par exemple. Nous sommes le matin du 14 juillet 1789, la foule parisienne en veut au roi, aux aristocrates et au prix du pain, qui ne cesse d’augmenter. 80 000 personnes se pressent autour de la forteresse pour s’emparer des stocks d’armes et de munitions qui y sont entreposés. Devant la populace passablement énervée, les administrateurs royaux hésitent à entamer les négociations. Plutôt qu’ouvrir le feu, ils jouent la montre. Montez le son, fermez les yeux et figurez-vous que l’assaut – dont il ne reste évidemment aucun enregistrement – ait été commenté par Benjamin Da Silva et Omar da Fonseca.

« - Benji : On a du mal à voir ce que font les Parisiens sur ces images… On sent qu’ils hésitent avant d’attaquer.
- Omar : Eh oui, les sans-culottes, ils ont mis le chapeau rouge, le drapeau au bout des canons. On sent la volonté de se sublimer. Vamos ! Vamos !
- Benji : Attention à ne pas se précipiter, quand même… La défense royale est bien en place.
- Omar : Il ne faut pas toujours être dans la rétention, dans la méfiance, il faut se libérer, être ouvert à la folie. C’est historique ! C’est une révolution ! Viva la revolución ! »

Évidemment, la première réaction, c’est de sourire de l’absurdité de cette reconstitution. Événement historique ô combien sacré de l’histoire de France, la prise de la Bastille inspire la gravité plutôt que la plaisanterie. C’est la Révolution avec un grand R. L’Histoire avec un grand H. Là-dessus, tout le monde est d’accord. Transformer un mythe fondateur en un simulacre de derby entre Parisiens à bonnet rouge et Versaillais à...

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