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Mexico 86 : sur un malentendu Abonnés
Le 10 janvier 2024
Le plus beau but de l’histoire du football est une copie. Ou, plutôt, la correction d’un but manqué six ans plus tôt à Wembley. Voilà comment naissent les chefs-d’œuvre.
Mexico 86 : sur un malentendu

Que deviennent les centaines de milliers d’heures perdues à attendre qu’il se passe enfin quelque chose ? À raison d’un match par semaine pendant quatre-vingts ans et des 6 240 heures dépensées à guetter de l’inédit, combien d’images imprimeront finalement nos consciences ? Une centaine ? Pfff. Et encore… Du 22 juin 1986, contre les Anglais, par exemple, on n’a retenu que deux impressions : d’abord, la photo de la main de Dieu se dirigeant vers le ballon. L’image d’Eduardo Longoni a pris possession de notre imaginaire. Il y a même des nuits où l’on se souvient (à tort) qu’on était dans les tribunes ce jour-là. La mémoire fait ce qu’elle veut de nous.

La seconde impression remue un peu plus fort et a la chaleur d’un soleil de plomb sur l’Estadio Azteca de Mexico. La trajectoire est grandiose. Peter Beardsley, Peter Reid, Terry Butcher (deux fois), Terry Fenwick et Peter Shilton : le tableau de chasse est éternel. Quand on est enthousiaste, on écoute le commentaire de Victor Hugo Morales – un nom à écrire des chefs-d’œuvre. On célèbre avec lui l’irruption du « cerf-volant cosmique » dans nos vies. Le deuxième but de Maradona est venu réparer le premier. Pour l’un comme pour l’autre, l’oubli est désormais impossible.


Victor Hugo


Et pour Diego ? L’histoire est racontée en 1998, dans un texte célèbre de Jorge Valdano1, coéquipier et voisin du héros sur le terrain. Redescendu sur terre, les deux hommes se retrouvent sous la douche. L’équipier, conscient du chef-d’œuvre auquel il vient d’assister se pose des questions sur sa genèse. Diego, qui vient de prendre une dimension solaire, n’a pas encore vu son but au ralenti. Il se tourne vers Jorge : « Je voulais te passer le ballon. » Valdano éclate de rire, incrédule, remercie pour la...

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