Rosario est une ville plantée sur les rives du Rio Paraná, à un peu plus de trois heures de route de Buenos Aires, la capitale argentine. C’est là que le général Manuel Belgrano, dont la sculpture contemple à la fois le monument dédié et le fleuve qu’elle borde, a créé le drapeau. C’est ici aussi qu’est né Lionel Messi. Une immense peinture murale le rappelle, à quelques encablures de là. Les murs et lampadaires de cette ville des passions et des saints patrons sont aux couleurs bleu et jaune de Rosario Central ou rouge et noir de Newell’s Old Boys. Au centre de la mémoire collective, il y a le 19 décembre 1971.
Ce jour-là, tout Rosario débarque à Buenos Aires pour la demi-finale du Torneo Nacional. Un monde en quatre couleurs envahit l’antre de River Plate, l’Estadio Monumental. Il accueille les « Canailles » de Rosario Central, vainqueurs de leur groupe, et les « Lépreux » de Newell’s, deuxièmes du leur mais toujours invaincus. L’enjeu est de taille : une place en finale d’un championnat traditionnellement dominé par des clubs de la capitale. Partis au petit matin, les bus déversent des flots de supporters des deux camps dans la ville.
En ce dimanche de décembre, il est évidemment question de suprématie locale et de savoir quelles couleurs triompheront dans quelques jours. Mais il est surtout l’heure de faire briller l’Interior, la province « de l’intérieur » ignorée par Buenos Aires. Le vainqueur est assuré de jouer l’ultime match à domicile, là où personne ne parvient jamais à s’imposer. Pour le peuple rosarino, ce match est donc une finale. Sur le terrain, elle est stressante, serrée, les deux équipes se neutralisent. Jusqu’à la 54e minute. José Jorge González, le latéral droit uruguayen de Central, déborde et adresse un centre puissant....
Contenu réservé aux abonnés
75 % de ce contenu restent à découvrir !
Pour le consulter, vous devez vous connecter ou vous abonner.