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Rafaela Pimenta : « Avec Mino, on se disputait tout le temps ! » Abonnés
Le 13 mars 2024
Rafaela Pimenta est un « super-agent ». Elle a repris le portefeuille de son mentor, Mino Raiola, décédé en avril 2022. Elle compte parmi ses clients Erling Haaland, Zlatan Ibrahimovic ou Alphonse Areola. Pour la Revue de l’After, la Brésilienne, qui parle huit langues, raconte un petit bout de trente années d’engueulades et de passion pour ce métier.
Rafaela Pimenta : « Avec Mino, on se disputait tout le temps ! »

Pour ne rien vous cacher, je suis prof de philo de formation et le milieu des agents m’a toujours semblé assez antipathique. Jusqu’à ce que, petit à petit, en y travaillant pour ce dossier, je me rende compte que le métier d’agent était un métier d’artisan perdu dans une industrie devenue folle. Partagez-vous ce sentiment ?

Rafaela Pimenta : C’est très intéressant que vous aimiez la philosophie. Je l’ai étudié à l’école et pour moi ça a été un vrai choc. Mon premier livre, c’était Le Monde de Sophie, l’histoire d’une gamine qui découvre les grands auteurs. C’était magique. Cela dit, c’est vrai que le football n’a pas grand-chose à voir avec cet univers. Moi-même, je viens du droit, qui en est aussi très éloigné. J’ai remarqué qu’il y avait aujourd’hui une tendance à vouloir parler d’« industrie ». On dit que les joueurs sont des « assets » (actifs, en français, ndlr), on parle de « business plan », etc. Je comprends la nécessité de s’organiser dans un monde d’entrepreneurs. Mais on oublie qu’au centre de tout ça, il y a l’être humain. Le joueur n’est pas un asset, ni une ligne dans un bilan comptable. L’année dernière, j’étais invitée au Football Summit organisé par le Financial Times. Je participais à une conférence. Tout le monde utilisait ce terme d’« industrie », les clubs, les sites, les médias... On parle de valeur, de monétisation, de fonds d’investissement. On fait comme si les joueurs étaient interchangeables. J’étais la seule, en fait, à me placer du côté du joueur, de sa vie, de son expérience humaine. Si on ne parle pas de l’humain, on ne parle pas de football.

Comment rendre compatible ces deux discours, de l’humain et de l’industrie ?

Rafaela Pimenta : Le football, les émotions qu’on vit sur...

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