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Se souvenir des belles choses Abonnés
Le 13 mars 2024
Troisième match sans enjeu, la France est déjà qualifiée et la Yougoslavie déjà éliminée : dans les mémoires yougoslaves il ne reste pas grand-chose de 1984. Enfin, rien qui ait à voir avec le football.
Se souvenir des belles choses

19 juin 1984, stade Geoffroy-Guichard de Saint-Étienne, France-Yougoslavie. Les Bleus sont déjà qualifiés. En face, les Plavi, pas dégueulasses sur le papier (Bazdarevic, Hadzibegic, Vujovic, Katanec, Susic et le tout jeune Dragan Stojkovic), sont déjà éliminés – deux défaites, dont une vilaine fessée 5-0 contre le Danemark. À la 53e minute, le staff médical yougoslave prend en charge un blessé. Rien de méchant. Mais, de retour vers le banc, le médecin Bojeda Milenovic chancelle, terrassé par une crise cardiaque. Ni les soins prodigués immédiatement ni la prise en charge à l’hôpital ne le ramèneront à la vie. On peut difficilement faire souvenir plus tragique.

Todor Veselinovic, le sélectionneur, a récupéré l’équipe après la déception du Mondial 1982 (élimination au premier tour) et tâtonné. 53 joueurs convoqués plus tard, le résultat n’est pas très probant. Pour nous, Français, une énigme : la non-convocation de (futur) coach Vahid Halilhodzic, ex du Velez Mostar, pourtant meilleur buteur du championnat avec Nantes en 1983-1984. L’intéressé a toujours accusé la fédération de préférer les joueurs des « quatre grands » – comprendre les deux clubs de Belgrade, le Dinamo Zagreb et Hajduk Split, auxquels se greffent les deux clubs de Sarajevo, le FK Sarajevo, champion 1984 avec Faruk Hadzibegic et Predrag Pasic, et le Zeljeznicar Sarajevo, coaché par Ivica Osim, demi-finaliste de la coupe UEFA 1985 avec Mécha Bazdarevic à la baguette. « Mon nom doit être trop difficile à écrire pour les gens de Belgrade », grinça-t-il. Peut-être payait-il aussi le fait d’appartenir à une autre génération et d’avoir 32 ans en 1984.

Communisme et jour férié

Ce jour-là, autour de l’esthète parisien Safet Susic, les Yougoslaves ne livrent pas un mauvais match et mènent 1-0 à la pause — bien aidés, il est vrai, par les facéties tactiques d’un Michel Hidalgo qui a...

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