L’Europe en... Angleterre par Julien Laurens

Île était une fois

Les supporters marseillais en ont recraché leur pastis, bondi de leur chaise longue et juré au nom de la Bonne Mère. Après le tirage au sort de la phase de poules de la Ligue des champions en août 2022, au moment d’analyser les groupes des clubs français, Gilbert me demandait dans l’After si les Anglais parlaient beaucoup de Marseille, futur adversaire de Tottenham. Ma réponse n’avait rien d’insultant pour le peuple olympien. Elle rapportait simplement une réalité : non, les fidèles des Spurs ne parlaient pas de l’OM, non, ils n’en avaient pas peur (au contraire), non (encore), ils ne connaissaient rien de cette équipe et n’en avaient rien à faire, parce que oui (enfin), les autres clubs, hormis les cadors, ne les intéressent pas.

Les insultes des Marseillais m’ont accompagné sur les réseaux sociaux jusqu’à la quatrième place de Marseille et son élimination, quelques semaines plus tard. Il est bon de leur rappeler que l’Angleterre adore la Ligue des champions, aime la Ligue Europa et tolère l’Europa Conference League, mais qu’elle ne suit guère les autres championnats européens. Qu’elle est obnubilée par le sien, le meilleur du monde. Et qu’elle ne se passionne vraiment que pour les gros matchs de Ligue des champions, notamment. Un joueur français d’un grand club anglais raconte qu’alors qu’ils allaient jouer un match de Ligue des champions, l’un des membres anglais du staff ne savait même pas que le club qu’ils allaient affronter se trouvait en Italie. Il en avait vaguement entendu parler, mais ne pouvait le situer sur une carte.

Dès lors, il n’est pas surprenant que dans les nombreux journaux quotidiens anglais (aucun n’est purement sportif, comme L’Équipe), les jours de coupe d’Europe, on ne parle quasiment jamais de l’adversaire. Jusqu’aux quarts...