Éditos
Chez Boris, c’est soirée philo Gratuit
Le 21 novembre 2023
Boris Becker a découvert en prison le pouvoir de la philosophie stoïcienne. Et si Marc-Aurèle pouvait sauver le football ?
Chez Boris, c’est soirée philo

Les vestiaires sont des prisons. C’est la première réflexion qu’on se fait en lisant l’interview de Boris Becker publiée le 10 novembre dernier dans L’Equipe. Au milieu d’étrangers, dont vous ne savez pas grand chose, à part qu’ils n’en sont pas à leur premier écart, « il ne reste que votre personnalité qui vous permet de tenir jusqu’à la semaine suivante ». Becker, l’ancienne star du tennis, vainqueur de Wimbledon à 17 ans, a passé huit mois au placard pour faillite personnelle. Il raconte l’angoisse des premiers jours et le parcours initiatique qui va l’en sortir. Être champion en prison, c’est possible ? « Vous devez être le champion de vous-même, contrôler vos émotions, vos peurs, votre anxiété, vos cauchemars, votre désespoir. Il faut surpasser ses émotions et gagner à la fin. C’est un véritable test pour votre force de caractère ». Survivre entre quatre murs ou entre quatre tribunes, après tout, quelle différence ? Pas besoin d’être Michel Foucault pour s’en rendre compte. Le paradoxe du sport de haute compétition c’est qu’il ressemble à l’univers carcéral dans lequel on enferme les corps récalcitrants : transparence complète, souffrance érigée en vertu, omniprésence de la discipline, orthopédie morale, individualisme radical. Et le pire c’est que tout le monde rêve d’y entrer.

« Petites PME »

Ce que raconte Becker, beaucoup d’acteurs du football le racontent en échange de la discrétion : pression des résultats, surveillance constante des médias et des réseaux, obligation de performance, dureté de la concurrence, cruauté à l’égard du faible, obligation d’exemplarité. Le terme qui revient le plus souvent est celui de « machine à laver ». Blessures, primes, inimitiés, faveurs, concurrence, cupidité, intermédiaires omniprésents, matchs tous les 3 ou 4 jours, l’un d’entre eux m’avouait récemment combien l’océan d’imprévus est vaste et la solitude est grande. Rien ne vous prépare...

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