Il y a une séduction dans les discours radicaux. Quand ils se font en pleine compétition, ils ajoutent à l’ivresse de choquer le bourgeois celle de la grossièreté. Il y avait bien sûr des choses intéressantes dans la désormais célèbre interview de Melissa Plaza chez les copains de Sofoot la semaine dernière — « le gars passe son temps à hurler ». Mais outre les interrogations (légitimes) sur le pouvoir mobilisateur de la causerie, ses conditions d’adhésion, sa compatibilité avec l’épanouissement individuel, l’ancienne internationale a surtout eu le mérite de saisir — sans le vouloir malheureusement — quelque chose des obsessions de l’époque. Des plages aux boîtes de vacances en passant par les campings et les rédactions clairsemées, la France du mois d’août, celle qui avait consacré un peu de ses vacances à regarder les filles en famille à l’heure du petit déjeuner (ou presque), se posait une question importante : la chemise cintrée blanche fait-elle le macho ?

Archétype d’un néo-féminisme de combat en guerre contre les structures de domination, son discours mélange coup de griffes, pêle-mêle, contre les attitudes virilistes, la culture de la performance, la maltraitance psychologique, le harcèlement et, au sommet de toutes les plaies de l’époque, le désormais célèbre patriarcat. Problème, ce mille-feuille idéologique à l’heure du café rend le fond du discours in fine confus et indigeste. Bien sûr, cette confusion ne mérite aucune campagne de harcèlement en ligne à son encontre, mais elle ne protège pas Plaza non plus, a minima, du désaccord. En s’obstinant à répondre aux débiles qui l’insultaient plutôt que de préciser sa pensée et structurer son discours, l’ex-internationale passe, à mon sens, à côté du problème intéressant : comment motiver les hommes et les femmes ? L’égalité, ici aussi, est-elle une norme indépassable ?

Il aura donc...