A l’origine, je devais écrire quelques lignes sur ma première expérience au vélodrome, la journée paisible dans la ville, le déjeuner sur le vieux port, la balade sur le Prado, la place de la Castellane, les Grecs que l’on croise, bras dessus bras dessous avec les Olympiens, le défilé commun entre les ultras en ville, le tifo du virage sud... Je voulais raconter mon réconfort, ma joie innocente de ce retour au stade et une expérience presque rassurante, presque.

Du haut de mes 42 ans, voir le bonheur sur le visage d’un ami supporter de l’OM était un plaisir simple que je voulais partager. Partager, elle était là l’idée. Un match de coupe d’Europe en semaine, un saut de deux jours à Marseille « oh on aurait même pu rester jusqu’à dimanche pour l’Olympico. » (sourires). Oui, on aurait pu, comme j’aurais pu faire un récit idyllique de ma venue en Ganay, j’aurais pu ajouter quelques centaines d’euros pour assister à ce désastre du 29 octobre au plus près.

Jeudi soir, quand le stade s’est vidé, il ne reste plus que ces gens que l’on croise pour la première fois et qu’on ne reverra pas, ces discussions brèves sur le match, l’ambiance. « Le foot ça devrait toujours être ça » glisse l’un de mes voisins de tribune. Un inconnu et son fils, une expérience qu’il voulait lui offrir, une parenthèse de fraternité dans ce monde de violences quotidiennes. Le match s’est achevé sur la victoire locale, la tribune visiteurs échange des chants avec le virage nord, on s’applaudit réciproquement, sincèrement.

Venir au stade m’avait manqué, les commentaires du voisin sur le bon match de Balerdi, le hors-jeu, la bonne rentrée du petit qui ressemble à Rabiot. Quelque part il cherche mon approbation, on ne se connaît pas, mais le...