Les footballeurs naissent plusieurs fois. Il y a d’abord le premier match en pro. Dans l’indifférence générale, un gamin célèbre ses noces avec son destin. Le plus beau jour de sa vie est souvent un match de coupe anonyme. L’aumône d’une poignée de minutes inutiles en fin de match pour nous, c’est la date de la première tempête pour lui. On en a vu des jeunes premiers, numéro exotique dans le dos, démarrer et finir des carrières le même jour. Pour certains, les débuts en pro, c’est l’Everest enfin escaladé, pour d’autres ce n’est qu’un premier col. « Seul l’avenir le dira » raconte le cliché. En vrai, tous les gamins sont des cracks quand on les voit avec les yeux de l’amour.

Pour Melvin Bard, l’ascension a démarré avec l’OL le 6 décembre 2019 à Nîmes et s’est poursuivie au Gym depuis 2021 sans étincelle ni grandeur. En dépit des efforts fournis par le joueur pour ressembler à un Rappeur US (sur Instagram), le gamin d’Ecully (15 min de la Place Bellecour) est régulièrement invisible depuis deux saisons. On a parlé pendant des mois de ce satané couloir gauche par lequel le Gym prenait l’eau. Dans le doute, c’était toujours de sa faute. A l’intersaison, Lucas Digne a été annoncé. Nice a respiré. Et puis non. Ce sera Bard. Encore. Et tout à coup, à l’été, un miracle. Son coach, Francesco Farioli — pas fan du joueur à son arrivée — en témoigne dès la fin août « Melvin est l’un des 3 joueurs qui m’a le plus agréablement surpris depuis le début. Il a eu une excellente évolution. (…) Depuis 7 semaines, il a travaillé avec un dévouement total et une application incroyable. » Son slalom dans la défense rennais à la 90ème minute de jeu dimanche soir relève d’une énigme...