Éditos
Tactique partout, football nulle part Gratuit
Le 27 février 2024
Depuis quelques années, le discours tactique a pris possession de la conversation footballistique mondiale. Deux héros tragiques sont les cibles habituelles des maîtres tacticiens : les dribbleurs et les entraîneurs.
Tactique partout, football nulle part

La tactique est devenue une science. Dans un entretien à El Pais la semaine dernière, Charly Rexach, historique collègue (1973-1978) puis adjoint de Cruyff au Barça (1988-1996), jetait un œil dans le rétroviseur. Après 77 ans de football, il a bien le droit de juger l’époque et son obsession nouvelle. Omniprésente dans les retransmissions, les résumés, les compte-rendus, les jeux vidéos, les émissions ou les journaux, la tactique est le sujet principal de la conversation footballistique actuelle. Elle est si présente qu’on a peine à s’imaginer qu’en 150 ans de football, elle est une invention finalement assez récente « Cruyff est le premier qui amené la tactique. Quand j’avais Kubala comme entraîneur, les instructions c’était se bagarrer, lutter, les tripes. Moi je disais ‘putain’. Cruyff nous apportait des solutions, lui. (…) ». La tactique n’existe pas. Ce qui est existe, c’est le caractère : « C’est une histoire de mentalité. (…) Cruyff et moi étions attaquants. Notre obsession c’était de savoir comment terminer une action. Un entraîneur qui a été attaquant pense comme un attaquant. Celui qui a été milieu de terrain, comme un milieu de terrain. Celui qui a été défenseur, comme un défenseur ».

Au fond ce que dit Rexach c’est que le football s’est découvert des « pressions hautes », des « blocs hauts », « blocs médians », « pressings », « contre-pressings » comme d’autres un vocabulaire pour parler des vieilles affaires de toujours. Et en un sens, il n’a pas tort, le vieux Charly. La tactique est, à première vue, un discours réussi mais une science impossible. Figeant ce qui est en perpétuel mouvement, elle réduit les trajectoires simultanées de 22 joueurs à quelques codes invisibles (3-5-2, 3-4-3 etc), invente des intentions une fois que les matchs sont terminés (qu’est-ce qu’un faux 9 ?), retourne le sens de la causalité (c’est parce qu’il n’a pas...

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